Pâques en période de crise

Faire ses Pâques en période troublée

C’est du jamais vu. Cette année nous nous apprêtons à vivre un Triduum Pascal tout à fait particulier. De mémoire d’hommes, une telle situation ne s’est jamais présentée : aucune célébration, aucun regroupement pour suivre en communauté le Christ dans sa mort et sa résurrection. Quelle tristesse ! Mais le plus triste serait que Pâques, fête centrale de notre foi, ne soit pas pleinement célébrée par les chrétiens, même dans la solitude de leur confinement.

L’expression traditionnelle de « faire ses Pâques » révèle bien la nécessité pour tout chrétien d’une démarche personnelle concrète pour s’associer à la mort et à la résurrection du Christ. Comme le demande l’Eglise, pour entrer dans une telle intimité avec le Seigneur et le suivre tout au long des jours saints, il convient de s’y préparer intérieurement, de suivre les célébrations liturgiques du Triduum et de recevoir l’Eucharistie. Mais cette année, nous ne pourrons pas « faire nos Pâques » comme d’habitude, cependant l’Eglise, qui en a vu d’autres au cours des siècles, a prévu dans sa législation de telles situations pour nous permettre de vivre notre foi même dans des situations extrêmes.

Se préparer intérieurement.

Pour vivre pleinement la fête de Pâque, il est nécessaire de s’y préparer, ce que nous avons fait pendant le temps du Carême. Mais l’ultime préparation est de faire disparaître tout ce qui pourrait nous empêcher d’entrer dans cette intimité spirituelle avec notre Sauveur qui est mort pour nous et qui veut nous associer à sa Pâques. Pour obtenir le pardon des péchés, le canon 960 du Code de Droit Canonique précise bien que la seule manière, le mode ordinaire, est la confession individuelle. Cependant le même canon envisage des modes extraordinaires en cas d’impossibilité sérieuse de se confesser individuellement. C’est ce qu’a rappelé le Pape François dans son homélie du 20 mars dernier lors de la messe célébrée à la maison Sainte Marthe. Le Souverain Pontife a reconnu que la situation actuelle constituait un empêchement légitime de se confesser de manière ordinaire. Par conséquent, la manière extraordinaire peut être envisagée. Les modalités sont différentes. La rencontre avec un prêtre étant impossible, et le téléphone et internet ne pouvant absolument pas être utilisés, il revient au fidèle de vivre seul en présence de Dieu les trois étapes du sacrement de pénitence telles que les précise le canon 959 du C.D.C (aveu des péchés, contrition, ferme résolution de s’amender). Comme en cas d’absolutions collectives autorisées dans certaines situations particulières prévues par le canon 961, le pénitent a l’obligation, dès qu’il en aura la possibilité, de confesser à un prêtre les péchés graves pour lesquels il demande pardon sans pouvoir les confesser individuellement dans l’immédiat. Ce qui ne veut pas dire que ces péchés ne sont pas immédiatement pardonnés, mais ils devront être avoués ultérieurement à un confesseur dès que la situation redeviendra normale, pour que celui-ci puisse l’aider à assurer sa fidélité au Seigneur.

Concrètement, il convient de prendre personnellement un temps pour procéder à cet exercice. Il est nécessaire de se mettre en présence de Dieu, réciter le je confesse à Dieu, écouter sa Parole dans un passage de l’Ecriture (cf. annexe n°1), procéder à un examen de conscience (cf. annexe n°2), énumérer ses fautes (et se souvenir des péchés graves pour les confesser individuellement ultérieurement). Puis, il convient de regretter son péché et affirmer sa volonté de s’amender par l’acte de contrition (cf. annexe n°3). Enfin il faut prendre un temps de recueillement et d’action de grâce pour le pardon reçu de Dieu et terminer par la prière du Notre Père.

Suivre le Christ dans sa mort et sa résurrection

Les différentes liturgies de la Semaine Sainte nous aident à vivre en Eglise, les derniers instants du Christ. Nous le suivons, ainsi nous revivons avec lui son offrande au Père pour nous offrir à sa suite, avec lui, afin de prendre part à sa résurrection au matin de Pâques. Malgré l’impossibilité de tout rassemblement et de vivre ce temps en communauté, nous sommes invités à utiliser tous les moyens qui nous sont proposés pour vivre le mieux possible cette marche à la suite du Sauveur. Que ce soit à l’aide d’un simple livre de messe ou des revues telles que Prions en Eglise, Magnificat ou autres. Que ce soit par internet sur les nombreux sites qui nous sont proposés, par la radio ou encore par le moyen de la télévision, KTO ou le Jour du Seigneur (pour la messe de Pâques), chacun trouvera l’outil nécessaire pour s’associer à la liturgie de l’Eglise et vivre cette proximité avec le Christ pendant les jours saints. La mémoire de la Cène de jeudi soir, le Chemin de Croix et l’Office de la Croix de vendredi, la grande liturgie de la Veillée Pascale et enfin la messe de la Résurrection du matin de Pâques sont les étapes de ce chemin que nous allons parcourir avec le Christ.

De l’union à la communion…

L’Eglise demande à tous les fidèles de recevoir l’Eucharistie au moins une fois par an de préférence à Pâques (canon 920). C’est pour signifier pleinement notre union au Ressuscité, que nous avons suivi dans sa mort et sa résurrection et que nous recevons dans l’Eucharistie, que l’Eglise préconise cette démarche. Cependant cette exigence de communion sacramentelle, elle aussi, se révèle impossible dans ce temps de confinement. Dans une telle situation, l’union la plus profonde que nous puissions avoir avec le Seigneur ressuscité ne peut être que spirituelle, elle révèle notre grand désir de le recevoir en nous et d’être unis à lui. Dans ses effets, la communion spirituelle est identique à la communion sacramentelle, bien que cette dernière soit préférable lorsqu’elle est possible. Concrètement, elle prend la forme d’une prière de désir, dont plusieurs formules existent (cf. annexe n°4), récitée au moment de la communion.

En conclusion, et comme le Christ le disait à la Samaritaine, nous sommes invités, cette années à vivre Pâques « en esprit et en vérité », de manière spirituelle et en communion les uns avec les autres, car si nous sommes tous intimement unis au Christ, nous sommes tous intimement unis entre nous par Lui et en Lui. Que ce Triduum tout à fait inhabituel soit cependant pour nous l’occasion de vivre plus intensément et de manière renouvelée notre proximité avec le Seigneur qui nous sauve par sa Croix.

Bonnes et Saintes fêtes de Pâques.

Père William GOYARD

 

Annexes

NUMERO 1 : PROPOSITION DE TEXTES A MEDITER.

La patience de Dieu (Luc 13, 6-9)

Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point. Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point. Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? Le vigneron lui répondit: Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier. Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas.

La brebis et la drachme perdues (Luc 15, 1-10)

Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s'approchaient de Jésus pour l'entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant: Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. Mais il leur dit cette parabole : Quel homme d'entre vous, s'il a cent brebis, et qu'il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve? Lorsqu'il l'a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue. De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu'elle en perde une, n'allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle la retrouve? Lorsqu'elle l'a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit: Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la drachme que j'avais perdue. De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.

Le fils prodigue (Luc 15, 11-32)

Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit: Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce serviteur lui dit: Ton frère est de retour, et, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer. Mais il répondit à son père: Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau gras! Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi ; mais il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.

La femme adultère (Jean 8, 1-11)

Jésus se rendit à la montagne des oliviers. Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S'étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère, et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu? Ils disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit: Femme, où sont ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée? Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus.

Le bon larron (Luc 23, 33.39-43)

Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche. L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant: N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous! Mais l'autre le reprenait, et disait: Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation? Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-ci n'a rien fait de mal. Et il dit à Jésus: Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.

Psaume 50

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.

 

Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

 

Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.

 

Mais tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.

 

Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.

 

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.

 

Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.

 

Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange.

 

Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; *
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.

 

Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; *
alors on offrira des taureaux sur ton autel.

NUMERO 2 : EXAMEN DE CONSCIENCE

Face à Dieu, nous ne pouvons nous présenter qu’en vérité. Face à son amour, nous ne pouvons nous sentir que petits et faibles mais cependant aimés. Nous désirons être avec Lui, nous désirons L’accueillir dans notre existence, et Le suivre dans tous les instants de notre vie.

 

Sa parole, son exemple nous stimulent, nous encouragent, mais nous sommes faibles.

Seigneur aide-moi, Seigneur pardonne-moi. J’ai péché contre toi, j’ai été négligeant dans la reconnaissance que je te dois pour ton amour et ta bonté. Je n’ai pas toujours été fidèle dans la prière, dans ma participation à la messe dominicale, dans ma contribution à la vie de l’Eglise.

Seigneur pardonne-moi !

Seigneur, je n’ai pas toujours vécu le commandement d’amour envers les autres comme Tu me le demandes. Je pense souvent à moi, mais pas suffisamment aux autres. Je n’ai pas été un témoin de ton amour, par mon manque de charité, mon manque de compassion, mon manque d’attention. J’ai même été complice du mal succombant à l’égoïsme, à la jalousie, à la médisance, à l’envie.

Seigneur pardonne-moi !

Seigneur, je ne suis pas à la recherche de la sainteté comme tu me le demandes. Je n’essaie pas de grandir, mais je me complais dans une inertie, une médiocrité, dans de mauvaises habitudes, dans des excès, dans le découragement ou la colère que je ne veux pas toujours reconnaître. Aide-moi à être celui que tu veux que je sois, et que je veux être. Aide-moi à voir ce qui doit concrètement changer dans ma vie ?

Seigneur pardonne-moi !

NUMERO 3 : ACTE DE CONTRITION

Mon Dieu, j'ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte Grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence

NUMERO 4 : PRIERES POUR LA COMMUNION SPIRITUELLE

1) Mon Jésus, je crois que vous êtes ici présent dans le Saint-Sacrement. Je vous aime par-dessus tout chose et je désire ardemment vous recevoir dans mon âme. 

Puisque je ne puis, à cette heure, vous recevoir sacramentellement, venez au moins spirituellement dans mon cœur.

Comme si vous y étiez déjà présent, je vous adore et tout entier je m’unis à vous. Ne permettez pas que je me sépare jamais de vous.

Jésus, mon bien, mon doux amour, enflammez mon cœur d’amour, afin qu’il brûle toujours d’amour pour vous.

Chérubins, Séraphins qui, adorez Jésus au Saint-Sacrement, nuit et jour, priez pour nous et donnez-nous la sainte bénédiction de Jésus et de Marie.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2) À tes pieds, ô mon Jésus, je m’incline et je t’offre le repentir de mon cœur contrit qui s’abîme dans son néant et Ta sainte présence.

Je t’adore dans le Saint Sacrement de ton amour, désireux de te recevoir dans la pauvre demeure que mon cœur t’offre. En attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux te posséder en esprit. Viens à moi, ô mon Jésus, pour la vie et pour la mort. Que ton amour enflamme tout mon être, pour la vie et la mort. Je crois en toi, j’espère en toi, je t’aime. Amen.